Octobre – Les plantes monocarpique

Qu’est-ce qu’une plante monocarpique ?

Mono (une fois, unique) et karpos (fruit) en grec.
On parle donc de plantes qui ne fleurissent qu’une seule fois au cours de leur existence et qui meurent après avoir produit les graines.
Une espèce monocarpique peut être annuelle, bisannuelle ou vivace.
Une fleur, et puis c’est tout. Eh oui, certaines de nos plantes vont mourir après leur floraison. Et c’est un phénomène normal.

La reproduction est irréversible !

Le moment de la floraison est crucial pour un végétal, afin d’assurer sa reproduction. Le phénomène est irréversible. Une fois lancé, il ne peut pas être stoppé, la production et la qualité des graines en dépendent.
Par ce biais, la plante passe d’un état végétatif à un état reproducteur.


Les plantes ont une phase juvénile pendant laquelle, même si les conditions le permettent, elles ne peuvent pas se reproduire.
Lorsque la période devient favorable et si la plante a atteint, comme chez les animaux, sa maturité la floraison aura lieu.
Celle-ci est induite par les conditions environnementales extérieures (températures, périodes de froid, durée du jour). Un stress peut également déclencher la floraison.
Les plantes « attendent » le meilleur moment, une sorte de signal pour fleurir.


Ainsi, certaines espèces se développent pendant des années, voire plusieurs décennies, avant de fleurir pour la première fois. Durant ces années, elles accumulent de l’énergie et des réserves. Par exemple, les Agave americana mettent 10 à 20 ans avant de fleurir !

Pour ces espèces monocarpiques, à la suite de cette unique floraison, les plantes s’épuisent car les tissus sont endommagés. Les plantes mères peuvent perdurer pendant plusieurs mois, voire des années, avant de disparaître.

Entre clonage et sens du sacrifice !

C’est un phénomène assez courant dans le monde végétal.
Chez les espèces cultivées, j’ai nommé le tournesol, mais aussi l’ananas (oui, de la famille des broméliacées, comme ses congénères, la plante produit un seul fruit).
On le retrouve chez différents genres de plantes : les Agaves (Agave victoriana, Agave americana) mais aussi chez certains Yuccas comme l’arbre de Joshua, des palmiers, Aeoniums (Aeonium tabuliforme), Aechmea, Puya, Kalanchoe, bambous etc…

Cependant au sein d’un même genre, toutes les espèces ne sont pas monocarpiques.

Les Aeoniums qui ne produisent qu’une rosette sont monocarpiques. Pour les autres, la plante se ramifie et même si la rosette qui fleurit se dessèche, une autre prendra le relais jusqu’à la fin de la vie de la plante.

Un palmier originaire d’Inde, le Talipot (Corypha umbraculifera) fleurit au bout 60 à 80 ans et produit une des plus grandes inflorescences du monde, qui peut atteindre 6 à 8 mètres de haut. Il peut vivre environ un siècle.
En ce moment, au Jardin, les Puya arrivent en fin de floraison. Quelques-unes de ces magnifiques plantes ne fleurissent qu’une fois en 70 à 100 ans, tel que Puya raimondii, originaire du Pérou.

Fleur du Puya raimondii

On pourrait dire que les plantes ont le sens du sacrifice. Elles utilisent toute l’énergie produite au bénéfice des futures générations en fabriquant, en une fois, de nombreuses fleurs et graines.
Ces fleurs vont attirer beaucoup de pollinisateurs qui vont ainsi participer à la reproduction de la plante en transportant le pollen sur le pistil de la fleur. Le vent, les oiseaux vont aussi permettre la dissémination des graines.

En réalité, c’est la plante mère qui dépérit et meurt. Le génie des plantes fait que l’on aperçoit souvent des rejetons qui vont assurer la descendance.

Heureusement pour ces espèces, elles ne dépendent pas que des graines ! Elles réalisent aussi une reproduction dite végétative. L’idée est de recréer un bébé plante à partir de toutes les parties de tous les organes de la plante, hormis la fleur et le fruit : les racines, les tiges et les feuilles.
Ce mode de reproduction existe lorsqu’un bourgeon pousse et développe ses propres racines. Une partie de la plante se détache et se ré-enracine au pied du plant mère.
On les appelle les bulbilles, drageons…
Ainsi, quelques agaves continuent leur vie grâce à des bourgeons interfolaires, de petits agaves qui poussent entre les feuilles de la plante mère comme l’Agave striata.


La plante forme des clones. Et cela lui demande moins d’énergie !
C’est cette stratégie de la plante que l’on utilise lorsque l’on pratique le bouturage.

Que leur vie soit courte ou longue, ces plantes ont choisi une stratégie bien particulière. Elles donnent leur vie pour leur progéniture et assurent la perpétuation de l’espèce en multipliant les systèmes de reproduction.